La Djanbèl

ou

Gyanbèl

 

 

LA DJANBÈL et le Béliya sont indissociables.
La Djanbèl se danse d’ailleurs sur le rythme du Béliya et, de plus, de nombreux pas, ainsi que les tenues portées par les danseurs, sont les mêmes pour les deux.

Djanbèl et Djembé, une consonance non fortuite

Le nom " Djanbèl " a une consonance africaine. Il nous évoque le nom " Djembé ", qui est aussi un tambour africain.

Tambour djembéLe tambour Djembé est originaire de l'Empire Mandingue (Afrique de l'Ouest), qui s'étendait de la Guinée à l'est du Mali, et au nord de la Côte d'Ivoire en passant par le Burkina Faso.

C'est un tambour de bois en forme de calice, recouvert d'une peau de chèvre tendue par un tressage de cordes. La forme évasée du fût viendrait de celle du mortier à piler le grain. Le Djembé appartient à la famille des tambours en gobelets. Joué avec les mains, le plus souvent debout, porté à l'aide d'une lanière, on y fixe des sonnailles métalliques appelées séssés ou oreilles.

Il accompagne les événements de la vie des sociétés agraires (funérailles, mariages, naissances, circoncisions, guerres, récoltes…).

Ce nom Djanbèl se retrouve encore en Guadeloupe. Dans la musique Gwoka, musique traditionnelle créole au tambour de l’île, on retrouve le rythme et la danse Padjanbèl (aussi appelé Grandjanbèl ou Gwadjanbèl). Ce rythme fait penser à la Mazurka créole.

Jules Ballet, dans son livre intitulé La Guadeloupe, nous dit au tome 5, dans un passage où il traite de la danse des esclaves que : " Lorsqu’ils donnent une grande fête, l’assemblée est un Guiambel ".

Un autre auteur, Robert Germain, dans le lexique de sa Grammaire créole, écrit : " Giambel ou gimbel, assemblée dansante de noirs. "

Une préférence pour le terme Djanbèl en Guyane

En Guyane, comme en Guadeloupe, la langue a subi certaines évolutions. Le Créole guyanais actuel fait un usage presque exclusif du " d " mouillé où il juge le " g " mouillé lourd et embarrassant. Anciennement où il était d’usage de prononcer le nom Gyanbèl, aujourd’hui il est plus communément prononcer Djanbèl.

Quoi qu’il en soit, comme nous l’avons constaté, le vocable Gyanbèl ou Djanbèl, s’est répandu en Amérique du Sud et dans la Caraïbe, dans l’aire de peuplement des Esclaves originaires d’Afrique, où il a généralement fait référence au tambour et à la fête.

A l’époque coloniale, malgré les Ordonnances Royales formelles, les colons ne nourrissaient pas toujours leurs esclaves. Ils préféraient leur donner cinq jours de détente mensuels pour leurs propres cultures vivrières. Les esclaves se réunissaient donc pour défricher et cultiver le petit arpent de terre que le maître voulait bien leur abandonner. De là est né le travail en commun solidaire qui, après l’émancipation prendra forme et deviendra le Mayouri. Il s’agit d’un mot d’origine amérindienne, pour exprimer la solidarité entre parents, voisins, habitants d’une même localité pour effectuer un travail déterminé en commun.

Après la période esclavagiste, le Béliya a été très utilisé dans les Mayouri, c'est-à-dire " les coups de mains " lors desquels " l’union fait la force ".

A l’issue de ces Mayouri, les travailleurs s’adonnaient à des danses de réjouissance, et une d’entre elle était la Gyanbèl, jouée, nous le répétons, sur le même rythme que le Béliya. C’est d’ailleurs ce qu’indique le seul chant traditionnel de Djanbèl qui nous est resté, dont le refrain est : " Kokiyoko é, a la Djanbèl nou k’alé ".

 

Pourquoi " La " Djanbèl ?

La Grande Encyclopédie de la Caraïbe, volume X, nous précise que : " la guiambelle était une danseGuyanaise réservée aux femmes seules ".

C’est sûrement là une des raisons du nom féminin donné à cette danse, qui du reste, est dans tout le patrimoine traditionnel guyanais, la seule danse d’appellation féminine, en effet on dit : La Djanbèl ". L’Encyclopédie rajoute que c’est une des danses qui aurait disparu vers la fin du 19ème siècle. Le fait que la Gyanbèl fut une danse réservée aux femmes nous ramène évidemment à ses origines. Le Yéla, dont nous avons parlé sur la page Béliya, était originellement un rythme joué seulement par les femmes.

La danse Gyanbèl s’effectuant sur ce rythme, devenu Béliya en Guyane, serait un relent, un des derniers restes, de la tradition Peule, arrivée voilà des siècles dans le pays.
(Photo : Traditions vestimentaires créoles - Parures de Guyane — Nicole PARFAIT-CHAUMET)


La Danse

En Guyane, la Djanbèl a été maintenue dans la seule commune de Sinnamary. Des groupes cayennais comme Wapa, l’ont ravivé, et aujourd’hui bien d’autres groupes folkloriques la pratiquent. Toutefois avec le temps, elle a subi quelques changements, puisque des hommes y participent maintenant.

Tout comme le Béliya, la Djanbèl se caractérise par l’alternance des pas à gauche, à droite.
Dans la danse les danseurs sont rangés sur deux files, l’un en face de l’autre.
Le pas de base de la Djanbèl est le même pour les hommes pour les femmes.

Les pas des cavalières sont :

  • Les mains : les deux mains (poings fermés sur le kanmza pour les dames) sont jointes et effectuent un mouvement de va-et-vient entre l’intérieur et l’extérieur.

  • Les pieds : du Béliya, on ne retient pour cette danse que le " ti pa soté " lors duquel les danseurs plient légèrement la jambe gauche devant la jambe droite et vice-versa. Le bras suit le mouvement de la jambe gauche, le bras droit pendant ce temps, retient l’autre moitié du kanmza, en l’air. Pas de balayage (bras/jambe) pour les cavaliers.

  • Une particularité à Sinnamary

    Il existe une variante dans la danse à Sinnamary. En effet, certains danseurs exécutent la Djanbèl les bras repliés, au niveau des aisselles et les poings fermés. Dans cette position, ils lèvent et ramènent les bras au corps, comme s’il s’agissait d’un oiseau battant des ailes.

    Gros bleu

    La tenue

    Comme pour le Béliya, la tenue portée en général pour danser la Djanbèl est la tenue d’abattis, le gros bleu, avec kanmza konvwè et les sabots borga pour les dames (que l’on ôte pour la danse)

     

     

    Lors de prestation publique les danseuses
    porte des ballerines pour des questions pratiques.



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